Synëal Roguar
Messages : 5 Date d'inscription : 25/05/2012 Localisation : Pas-de-Calais...Du moins pas encore.
| Sujet: Un ouvrage inestimable ( Avec Féo'! ) Lun 11 Juin - 18:58 | |
| Il s'avérait qu'il s'agissait d'un procédé assez spécial. Normalement, on acquérait une boutique en signant un contrat de location, et surtout en avançant une certaine somme d'argent. Mais cela ne fonctionnait pas ainsi en Eméodia, le pays qu'on pouvait considérer comme celui de toutes les opportunités pour quiconque serait assez vicieux et malin pour devenir riche avec des moyens frauduleux. J'avais rencontré le propriétaire juste quelques temps après avoir lu l'annonce. C'était un homme très sympathique, très ouvert, très...noir. Je ne suis pas raciste, loin de là, mais il m'était rarement donné dans la vie de rencontrer un elfe sombre. Ses longues oreilles fines, taillés en pointes, avec un pavillon tout aussi harmonieux m'intriguaient particulièrement. Il avait attiré ma sympathie notamment en devinant tout de suite que j'étais un loup-garou. «Vous avez une odeur...de chien ». Je l'avais corrigé en disant que j'étais un loup en réalité. Cela m'avait fait rire, mais il avait pris un air pincé. Peut-être n'appréciait-il pas mes congénères, mais j'étais différent d'eux, j'en étais convaincu. La négociation s'ensuivait, et il me parlait notamment du prix de la location avec des termes comme échéances, dettes, charges,...Je n'étais pas féru en la matière, alors je lui proposais un autre marché. Un libraire avait toujours besoin de livres en tous genres, et évidemment d'en tirer un certain profit. Ce mot, je le comprenais parfaitement. Il m'avait demandé ce que j'entendais par là, alors je lui ai répondu que mes bénéfices serviront à payer la boutique, tout simplement. Et je m'assurerais de ma propre subsistance, il n'avait pas à s'inquiéter. M'adressant encore son regard de souris méfiante, il a grommelé quelque chose comme «Ca, je n'en doute pas. ». Il était incorrigible, le bougre.
Au final, j'eus un travail, une situation et une meute de loups furieux sur le dos. Ma véritable vie ne pouvait que trop mieux commencer.
Quelques temps après qu'un étranger eût venu me demander l'Essai de Brydiwolf, je ressentais une profonde accalmie dans mes affaires. Celui qui ressemblait à un vampire l'avait juste commandé. J'aurai vraiment du lui demander ce qu'il comptait en faire. Je me retrouvais désormais avec une légère boule d'angoisse lorsque je recevais du courrier qui ne concernait pas mon business. Cela me dérangeait que plus personne ne passe dans ma librairie. Qu'avais-je fait? Qui ou quoi ralentissait tout à coup l'affluence de la clientèle? Je devais à tout prix me calmer. Ce n'était rien du tout. Aucune raison de devenir paranoïaque. Les jours se faisaient plus ensoleillés ces derniers temps et les gens devaient penser à autre chose que de rester reclus chez eux pour consulter les archives des guerres naines, ou les différentes façons de mélanger de la laitue avec de la fiente de griffon.
En soupirant d'impatience, je me levai de mon siège et gagnai la vitrine. De là où j'étais, je voyais l'enseigne en forme de livre ouvert. Je devinais les sculptures scripturales dépassant des bords arrondis du pannonceau : « Au fil des maux ». J'adorais vraiment le nom de ma boutique. Ce n'était même pas moi qui avait décidé de son homologation, mais j'en étais fier tout de même. Je baissai les yeux et m'intéressai à la maison bancale qui faisait face à la vitrine, juste de l'autre côté de la rue étroite. J'y voyais un individu manger dans un bol. Je n'arrivais pas à voir ce qu'il contenait. Il leva cependant les yeux et me fixa à son tour. Il ressemblait à un Orc, croisé avec un chat. Curieux contraste qui m'aurait presque fait pleurer. Il cligna stupidement des yeux.
« Tu n'es pas beau, toi. »
Il plissa les sourcils, perplexe, et désigna son oreille en secouant à moitié la tête.
»Evidemment que tu ne m'entends pas, gros boudin., ajoutai-je en affichant un sourire bienveillant.
Je gloussai et me détournai de la vitre. Finalement, quand on en avait l'occasion, on pouvait s'amuser. Je retournai à l'étagère qui trônait derrière mon bureau, où étaient exclusivement rangés les livres historiques. J'avais fini la plupart d'entre eux. Et j'avais découvert avec surprise que les auteurs publiaient des ouvrages en usitant des pseudonymes, formés avec les anagrammes de leurs propres noms. Mon esprit n'était pas si affûté que ça, mais je décelais aisément les jeux de (maux) mots. Cela me donnait une idée assez cynique de ce qu'étaient capables de faire les historiens pour se rendre intéressants.
Je saisis l'un des ouvrages qui je n'avais encore consulté et m'assis en me bureau en me répétant à nouveau intérieurement que c'était une longue journée. | |
|