Céleste Fantaisie
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Forum RPG de fantasy médiévale
 
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L'avenir des peuples dépendra des peuples.
Le Peuple de l'Avenir, lui, dépendra de l'Avenir...
[Louise Abraham]

Par les Chutes ! Quand il fallait gagner une bataille,
l’Histoire ne retenait pas l’honneur.
L'Histoire retenait le vainqueur.

[Adriano Di Marechialo]

L'amer est l'écume du souvenir.
[Camiy Saint-Syr]

Ils me reprochent d’abuser de la crédulité des gens.
Pourtant, mon métier est semblable à celui du berger:
j’élève des moutons dans le but de les tondre…
[Ometeotl Jahar]

Il vaut mieux se retrouver devant des Orcs en colère plutôt que devant des nobles
et des politiciens.
Quand un Orc veut te tuer, il le fait savoir clairement
et, généralement, sous tes yeux.
[Barry Toothpick]

Miséricordieux, j’avalerai vos supplications, délices de ma victoire !
[Rubis Solime De Babaux]


Le proverbe "Il faut battre le fer tant qu'il est encore chaud" marche aussi avec les elfes...
[Walgrim Grindal]

Litanie de larmes, symphonie en pleurs majeurs.
Rater une mesure, repartir à zéro. Mélodie funeste.
Danse macabre, l’effleurer et puis s’en retourner pleurer.
Seul.
[Sheren]

Il suffit d’un seul regard
entre deux coups de hache et quelques têtes coupées
pour que leurs destins soient scellés à jamais.
[Kalea Grindal]

Ma soif de vengeance s’est tue dans un murmure :

Le silence…
[Cronose]

Le pire n'est pas de mourir, mais d'être oublié.

[Erwan D. Layde]

Il n'existe ni de mauvais, ni de bon,
Seulement des divergences d'opinion.
[Isarus]

La maîtrise d'une épée doit être apprise, exercée et maitrisée. Le jeune apprenti du forgeron ne commence pas
par forger une belle épée
pour le prince. L'apprentie tapissière ne tisse pas le tapis préféré de la reine
avec ses premiers fuseaux.
Ainsi, le rhéteur fait ses premiers discours à son miroir et le soldat se bat d'abord
contre un mannequin, et non contre son ennemi mortel.

[Maël Theirmall]

L'Harmonie passe aussi par la Diversité,
tel le ciel embrasé d'une soirée d'été.
[Laranith]

Un par un, il traîna les corps jusqu’à la falaise et les jeta à la mer afin de leur offrir une sépulture rapide...

Et afin de libérer la clairière de ces putrides émanations. La nature n’avait pas à contempler la folie des hommes.
Elle n’avait pas à supporter la barbarie des êtres qu’elle avait un jour engendré...
[Trucid]
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 Le Nouveau-monde.

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Feodor Dusk

Feodor Dusk


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MessageSujet: Le Nouveau-monde.    Le Nouveau-monde.  Icon_minitimeSam 7 Avr - 21:45





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Chapitre un : Le début de la fin ?




Un homme à pied est tout sauf un homme, m'avait un jour dit un Texan, mais je pouvais me vanter d'être certainement l'un des hommes ayant le moins foulé la terre ferme dans sa vie. Qu'étais-je alors ? Les sabots de mon étalon foulaient les terres arides du nouveau monde depuis maintenant bien des années. Il m'avait fallu presque six mois, si mes calculs étaient bons pour mettre les pieds dans le Wyoming, et je rêvais déjà au petit pactole qui m'attendait bien sagement dans le ranch qui se dessinait au loin. A raison d'un dollar par jour, j'avais de quoi boire tout mon saoul des semaines durant avant de repartir.

« Yipiyipi ! »


D'un coup de cravache, j'ordonnais au bétail d'avancer plus vite. Quinze bêtes dont j'avais pris le commandement, traversant les états un par un. J'espérais qu'on ne me retiendrait rien pour celle que j'avais perdu contre un lynx. Le pauvre animal était devenu fou en l'apercevant et le temps que mon Revolver Schmidt trouve le chemin de ma main, elle était déjà perdue. C'est donc dans une panique générale qu'il avait fallu contenir les autres, s'éparpillant dans les herbes grasse de la prairie, certainement le passage le plus difficile de mon périple. Ne parlons pas du fait d'escalader des collines, traverser des bois et ce faufiler dans des failles rocheuses en suivant une piste étroite qui semblait fréquemment s'évanouir sous les sabots de la cavalcade, et faire passer le bétail dedans n'était pas mince affaire. Mon cheval hennit, me rappelant à la réalité. Il commençait à avoir la tremblote, et l'écume qu'il produisait au niveau du mors n'était pas pour me rassurer. Cela aurait été dommage de la perdre suite à l'épuisement, j'avais rarement vu une bête aussi sûre de pied qu'elle était robuste, me permettant d'aller bon train malgré la chaleur. Un rythme plus lent ne lui ferait pas de mal, mais j'avais déjà cravaché les bêtes.

« Bientôt le repos Little Man, des pommes et de l'eau. » lui murmurais-je à l'oreille, flattant son encolure. Les heures s'égrenèrent à mesure que le soleil finissait sa course, et il faisait presque nuit lorsque j'arrivais enfin aux immenses barrières du ranch. Un homme m'attendait, équipé d'une lanterne qui produisait une faible lumière. « Ola voyou. C'toi qu'on attendait ? » il avait un visage odieux, une arcade sourcilière proéminente, de petit yeux avec de lourdes poches au-dessous, un gros nez assombri de points noirs et une peau grasse qui paraissait plus jaune que la terre du Colorado. Il n'avait pas l'air bien fin, de plus. « Vous attendez beaucoup de personnes avec une livraison comme celle là ? Si c'est le cas dites le moi, je trouverais surement preneur à un bon prix dans les environs. » Les bestiaux rentraient docilement à travers les larges portes qui délimitait l'enclos. « Ola, du calme p'tit gars. Ç'aurait bien pu être une relève, la route n'est longue du Texas à ici, et les Cheyennes sévissent ces temps-ci. » Première nouvelle.. Moi qui n'avait pas croisé un siouan jusqu'ici. Haussement de sourcils perplexe, n'étaient-ils pas censés avoir pris la fuite depuis des années déjà ? L'Union avait fait un travail remarquable dans ces contrées, et les honnêtes habitant du nouveau monde n'étaient plus ennuyés par ces sauvages. « Les Cheyennes ne m'ont pas posés problème, un lynx à des miles d'ici par contre, il a emporté avec lui une de vos bêtes. Rien à faire contre. » « Ola, une en moins, t'paies le prix. Seize d'entre elles que j'avais d'mandé, pas quinze. » D'où venait cette manie irritante de commencer toutes les phrases par « Ola » ? Je savais comment faire avec ce genre de personne pour que tout rentre dans l'ordre. « Et mon Schmidt a six balles, qui pourrait bien se retrouver un peu partout dans ton corps si je n'ai pas ce que je mérite. Je ne combats pas des animaux sauvages en traversant des paysages esseulés dans l'unique espoir d'avoir le gîte et de quoi m'acheter un peu de tabac. Alo.. » - « Ola brave gars, t'ferais mieux de rattraper celle qui s'fait la malle avant q'y'en ai plus q'quatorze. T'jours les mêmes, pour la jacasse t'as d'monde, mais pour un boulot propre. Ça. »


Le bougre avait l'oeil. Sous le couvert de la nuit, l'un des bisons les plus sombres en avait profité pour sortir de la file de ses congénères et filait tranquillement en contrebas. D'une pression sur les rênes, Little Man comprit son affaire et il n'eut besoin que de quelques foulées pour rattraper l'animal qui marchait, comme si le fait qu'il s'enfuit en catimini l'aiderait. Me saisissant du lasso juste sous ma selle, je commençais les moulinets de la main qui me permettrait de l'avoir. Premier lancé, très mal engagé, et le nœud s'échoua sur le flanc du bestiaux. Rapidement, j'embobinais la corde jusqu'à moi. Deuxième tentatives, raté. Little Man venait de faire un écart au dernier moment, évitant une excavation. Le lasso traînait dans le sillage le temps que je réaffirme la prise sur la bride. « Doucement, tout doux. » la prochaine devait être la bonne, la bête continuait sa descente en bifurquant de-ci de là et elle pesait son poids, quelques huit-cent kilos au bas mot et je savais que, dans son état de fatigue avancée mon canasson ne tiendrait pas la charge en remontant si le bison était trop bas. Nouveau lancé, plus souple, plus loin et la corde s'ajusta parfaitement avec le cou de la proie. Sous pression, c'était toujours plus simple, mais déjà la corde se déroulait entre mes mains. D'un geste précis, j'attachais cette dernière au pommeau présent sur ma selle. La bête ruait déjà et Little Man se braqua, il était rompu à l'exercice et savait comment procéder. Le dernier que j'avais eu c'était cabré lors d'une situation similaire et le pauvre avait été traîné sur une centaine de mètres se brisant chaque membres, me froissant une épaule dans la chute. Little Man ne portait pas ce nom pour rien, aussi intelligent qu'un homme, si ce n'était plus. Je me demandais parfois comment une chose comme lui pouvait tracter un bison. Surement que celui-ci devait être obligé de suivre la corde avant de finir étranglé au bout.


Doucement mais surement, nous remontions la pente, le fuyard suivait tête baissée, la corde toujours tendue au maximum. Le moche n'avait rien manqué de ce qu'il venait de se passer et il tenait la barricade mi-ouverte. « Ola, Z'êtes quel genre de cowboy pour un spectacle comme ça ? » lança-il avec un sourire goguenard. Ce à quoi je ne répondis pas. « Ola mon garçon, l'prend pas comme ça, mets dont l'bêstiaux là d'dans et dit-moi ton nom. » Je décrochais la corde une fois à l'intérieur de l'enclos et passait d'un bond de l'autre côté de la barrière, les pieds enfin dans le sol boueux. « Tu peux m'appeler Ola, si tu le souhaites vieil homme. » la répartie le fit rire. Ce qui me laissa un moment pour attacher la longe de Little Man à l'endroit où il resterait un moment. « Ola, t'restes comme prévu une nuit et t'prends ton solde. 'suite bon vent à toi et t'foutu canasse. Suit moi, un nègre viendra lui d'nner ce qu'il lui faut. » J'emboitais son pas toujours silencieux. Un nègre ? Un des derniers à en posséder alors, ces temps-ci les noirs n'étaient plus réservés à l'usage des indépendants, ils travaillaient dans des carrières, ou ailleurs, pour un salaire proche du miens et s'occupaient des tâches dont les hommes blancs ne voulaient pas. Plus c'était dangereux, plus un noir avait la priorité.

La bâtisse était modeste, une grande ferme de bois comme il était courant ici. Composé de trois corps de logis, disposé en « U ». L'intervalle était occupé par une cour qui dans son milieu présentait une pente insensible vers la porte d'entrée, dans laquelle s'entreposait le fumier. Une bonne exploitation en somme, qui devait bien tourner pour se permettre de me payer et d'acquérir un troupeau comme celui là. Entrant dans la demeure, je constatais le manque de mobilier. Une vaste pièce seulement occupé d'une table et d'une cuisinette, un coin pour un feu, ce qui dans une maison en bois était quand même plutôt rare. Il était tout de même bien protégé, rassurant, ou très peu. Deux nègres passèrent rapidement pour déposer de la paille, ma couche en déduis-je. Balayant du regard une dernière fois l'endroit, je constatais qu'il y avait tout de même quelques armes présentes sur les murs. « Combien êtes-vous ici ? » le silence se brisa. « Ola... N'y à moi, et cinq négros qui mangent plus que c'qu'ils travaillent. » - « Pas une femme pour réchauffer les couettes ? » - « Non... L'est morte y'a deux ans d'ça. Emportée par une foutue maladie. » Je venais de toucher la corde sensible, l'absence de « Ola » me fit cependant du bien. Ne pas s'attarder sur ce sujet serait agréable pour la suite, autant en venir là ou ça m'intéressait. « Tu sais ou je pourrais me rendre ensuite ? J'aimerais reprendre directement le travail dans quelques jours, faire une petite transhumance avant l'hiver et repartir pour des mois une fois les beaux jours revenus. Des clients dans le coin ? »


Le vieillard s'approcha d'une petite case que je n'avais pas remarqué. Sortant une bouteille d'un Whisky bien ambrée, il remplit deux verres. «Ola mon p'tit, z'êtes dont pas au courant ? Ça court l'monde mais ça s'tient pas aux nouvelles du nouveau. » Ou voulait-il en venir ? Avions nous changés de président ? L'Union s'ébranlait ? Ou autres choses obscures. « Non... Mais parle, ou tiendrais-tu des secrets comme une femmelette ?» Son sourire révéla une rangées de chicot pourrie, difficile à distinguer dans la pièce ou seul le feu crépitait faiblement. « T'es surement l'un des derniers cowboy mon corniaud ! Un seul mot qui vous mets tous à la porte. Transcontinental ! »

Transcontinental ? Jamais entendu parler, et je ne voyais pas en quoi un mot incompréhensible pouvait mettre fin à mes agissements. « Et … ? » Une invitation qui lui permettrait certainement de m'en dire un peu plus, si tant est qu'il comprenne. « T'couillon toi non ? Le train dont j'te parle ! Voilà qu'il a mis ses services au Wyoming, plus b'soin d'vous pour transporter nos bestiaux. Ahah. Bois z'y donc un coup. »

Je ne sais pas combien de temps je restais planté là, observant le verre qu'il me tendait. Mais au moment ou j'assimilais que c'était la fin, le Whisky laissa une trainée de feu dans ma gorge. Mais ma décision se prit en une poignée de seconde.

Des rails, ça devait bien sauter, non ?


Dernière édition par Feodor Dusk le Mar 10 Avr - 9:53, édité 1 fois
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Feodor Dusk

Feodor Dusk


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MessageSujet: Re: Le Nouveau-monde.    Le Nouveau-monde.  Icon_minitimeLun 9 Avr - 22:36

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Chapitre deux : Changement de plan.



L'affiche se tenait là, devant moi, me prenant de haut. Ainsi donc le Transcontinental filait droit jusqu'à la sortie du Wyoming, touchant même Promontory dans l'Utah. Voilà quelques trois mille kilomètres de voies ferrées qui permettaient de relier l'Est et l'Ouest du pays, dans presque sa quasi-totalité. Il me prit soudainement à espérer qu'étant donné que le Nord et le Sud n'étaient pas reliés de cette façon, il me resterait sûrement du travail quelque part dans les vastes contrées que je choyais tant. Mais pour combien de temps ? Il avait fallu presque six ans pour construire celle-ci, je me souvenais bien du moment ou les premières rails avaient été posés au Texas, ça devait maintenant être plus facile de faire partir des embranchements dans toutes les directions une fois les bases mises. Combien alors ? Trois ans ? Plus ? Moins ? Ne connaissant pas le travail dans ce domaine là, il était plus que difficile de se faire une idée correcte. Il ne me restait plus qu'à réfléchir. Ces dernières semaines n'avaient pas été simple. J'étais resté un temps avec le vieux Bohannon, travaillant dans sa ferme en échange de beuverie et d'un peu d'argent en plus, ses nègres ne connaissaient pas les rudiments pour élever les bêtes que je lui avais emmenées et il avait bien fallu leur montrer comment s'y prendre.


Le temps que je réunisse assez d'argent, les premières neiges étaient tombées et c'est dans un décors presque blanc que Little Man et moi étions arrivés à Armadillo, ville ou le Transcontinental finissait sa route et ou commençait les travaux pour le pousser jusqu'à la Californie. Qu'esperais-je trouver ? Je n'en savais rien moi-même. Seulement quelques heures que j'étais là, et la simple vue d'une affiche avait servi à me démoraliser encore plus. Enlevant le bouchon de la flasque que j'avais tirée de la poche poitrine de ma veste en jean, j'en bus une longue rasade. Il devait faire cinq degrés, mais je n'en frissonnais même pas. Le whisky y était probablement pour quelque chose. Je laissai mon regard dériver vers les montagnes à l'ouest de la ville et vers les ténèbres qui paraissaient gronder, tapies derrières les sommets. Je ne pus m'empêcher de penser que ce serait une belle soirée à passer au coin d'un feu. « Vient Little Man, il est temps de trouver un endroit ou dormir. » Il obéit à la pression sur la longe, suivant docilement son maître. Surement avait-il froid lui aussi, et rêvait à un brossage et un peu d'eau.


Il suffit d'une poignée de dollar pour qu'il trouve place dans une étable au bord de la ville, il ne s'inquièterait plus de passer le nuit dehors, et en échange de quelques billets en plus j'avais l'assurance qu'il serait propre le lendemain. Ne restait plus que moi et mes bottes mouillant dans la boue, et en deux établissements complet, je commençais à me demander s'il n'était pas plus facile pour un canasson de trouver refuge qu'un homme. Peut-être serait-il plus simple de dormir dans la paille à côté de mon compagnon. C'est à ce moment précis qu'un nouveau saloon fit son apparition au loin dans la rue. Des enjambées rapide et je poussais la porte battante traditionnelle de ces endroits, trouvant place à une table sale mais à l'écart. À l'écart de qui d'ailleurs ? Car nous n'étions que quatre pauvres bougres dans cet endroit. C'était cependant agréable... Le sentiment étrange d'être dans un lieu public sans public. « Hé toi ! Vient donc boire avec nous, cavalier seul ça n'est pas bien vu ici. ». C'était un grand bougre, bien costaud qui venait de me héler. Le plus large des deux d'ailleurs. Le barman quant à lui récurait les verres derrières son comptoir nous regardant d'un oeil mauvais. Surement avait-il peur que la situation dégénère, les deux gus m'avait l'air déjà bien entamés. Je n'étais cependant pas d'un naturel craintif, et l'invitation était plutôt sympathique. Je tirais la chaise près du plus frêle, les saluant d'un geste de la tête tout en apostrophant le maître des lieux qui se détendait un peu. « Brave, une bouteille de single malt. » quoi de mieux qu'un peu d'alcool pour délier les langues et en apprendre un peu plus sur l'état du pays ?




***

La boisson remplie son office et j'en appris plus sur eux qu'eux sur moi, ce qui me convenait parfaitement. Des choses abracadabrantes aussi, comme une boite qui permettait de parler à quelqu'un à des lieux de soit, la voix passant dans des fils et qui était encore en fabrication. D'autres plus inquiétante aussi, particulièrement le mouvement du camélia blanc, des Américains pur souche qui traquaient des nègres pour les pendre ou les bruler. Non pas que ces sous-hommes ne le méritaient pas, mais il n'y avait rien de mieux pour mettre le feu aux poudres et ébranler la présidence de Cleveland. Déjà que son appartenance à un parti démocrate ne l'avait pas aidé à se faire aimer du peuple. C'était selon eux par je ne sais quelle magouille qu'il se tenait sur le siège le plus convoités de l'état. La bouteille était désormais vide et Bosco et Dude étaient dans un état proche de la mort. «Donc, t'es forcément là pour du boulot l'ami ? » je ne m'étais pas étendu sur ma profession et il était bizarre qu'il pense que j'en cherchais. « Du boulot ? » - « Ouais, qu'est-ce que tu viendrais foutre à Armadillo si c'n 'est pour du boulot dégueulasse mais bien payé ? » - « Et quel genre de boulot est-ce qu'on propose ici ? »ils sourirent dévoilant des rangées de dents pourris avec quelques-unes en or qui ne rattrapaient pas l'effet sale. Ma question les rendaient hilares, ce que je ne comprenais pas du tout. « Alors tu débarques vraiment toi, s'rait temps que tu reviennes dans le monde des vivants. Vivre comme un sauvage c'bien, mais vivre comme un sauvage civilisé c'mieux. » - « L'boulot manque pas ici, cherche des fines gâchettes à c'qu'on dit, dès qu'auraient pas peur d'quelques bandits ou d'enfoirés d'peaux rouges. Dès qui connaissent les coins d'par ici. La construction du ch'min d'fer n'est pas finit et faut des gens pour protéger les géomètres et autres travailleurs. » Voilà tout ce que j'étais. Fallait-il y voir un signe ? « Pour combien tout ça ? Les risques sont-là, j'imagine que le solde doit être bon ? » - « Plus que bon mon goret, trois dollars d'ta journée. C'pas l'aventure qui m'déplait, mais avec les « Bonitas » dans le coin et les peaux-rouges comme qu'il dit l'autre, ça d'vient plus que risqué d'prendre partie la d'dans. » Trois dollars de la journée, voilà de quoi faire tourner la tête à quelqu'un sans travail. C'était bien plus que mon ancien salaire et le boulot consistait à simplement rester en vie en tuant quelques braillards qui osaient s'approcher. Un mot cependant venait de m'interpeller. « Les Bonitas ? » - « Ouais, un gang de femelle qui s'lançent dans des braquages et des attaques. Sont quatre à c'qu'on raconte et des couilles plus grosses qu'nous ça c'est certain. Elles sont r'cherchées dans l'état et même plus loin. » - « Et elles ont des noms, à part Bonitas ? » - « Pour sur, premier lieu t'as Aurora Jane, une grande guigne toute maigre, va savoir d'où qu'elle sort mais c't'elle qui mène la p'tite troupe. 'Suite t'as les sœurs Careel, Abbie et Idri m'semble, t'as leurs photo d'partout dans la ville, d'belle créature, dommage qu'elles soient bientôt mortes, j'pense qu'y aura quelqu'un pour les besogner comme il faut, morte ou non. » L'idée de souiller une morte, même étant bandit, me hérissa les poils. « Et la dernière ? » - « Camelle Johnsonn. Sait pas grand chose d'elle, si c'n'est que c'est une terreur à ch'val. Monte mieux que certains hommes qui passent leurs vies dessus. » En voilà une idée qui était drôle. Les rumeurs allaient bon train et il était facile d'en amplifier une afin d'en faire un mythe, après tout, qui ne rêvait pas d'une femme libre et débrouillarde, aussi terrible soit-elle ?

Jugeant que ces bonnes femmes n'était pas un danger prioritaire, j'en revins donc au plus intéressant. Je voulais faire sauter les rails, il fallait pour ça en apprendre plus, les jonctions et autres. Pourquoi ne pas ralentir le travaille de ces gens en attendant ? « Et donc, ou est-ce qu'il faut se rendre pour ce boulot ? » Les deux comparses réfléchirent un instant, visiblement surpris que le courage ne me manque pas. « T'peux aller voir le contremaitre, c'lui le mieux placé j'pense. » - « Ouais, Thomas Parker, un sacré couillon m'est avis, 'foiré d'Irlandais encore. T'trouveras sa tente proche de la roulotte du chef de chantier. S'il est pas là, s'ra sa femme, Mary Parker, une gamine foutrement gauche mais qu'à bon fond. » - « J'en prend note, et ce chef de chantier, est-ce qu'on peut l'approcher ? » - « Oh ça oui, surtout si qu't'es un homme et que t'as un joli p'tit cul. » me répondit Bosco, tout sourire, avant d'ajouter. « M'sieur Da Rosa est pas méchant, mais c'est un sacré type. Que j'y laisserais pas traîner une fesse la bas d'dans. » - « Très bien... Demain matin à la première heure ils recevront ma visite, j'vous r'mercie, barman, une autre bouteille de single malt. ».

Et cette nuit là, nous avons refait le monde.




***


Le lendemain c'est avec une sacrée gueule de bois que je m'éveillais, la pénombre régnait dans la chambre et la couche était
dure. Une lumière grise suintait à travers les volets, promesse d'un nouveau jour triste et froid.. Sautant du lit, je commençais à courir, la tête tournant comme un lasso. Le chemin jusqu'à la tente du contremaitre était simple, une ligne droite dans un chemin boueux et noircis par la crasse. Impossible de trouver une trace de neige tellement la mêlasse était prononcée. Mon entretien ne dura pas longtemps. Monsieur Parker était un petit homme à tête de fouine, les cheveux frisés avec « Irlandais » imprimé sur la face. Sa femme n'était pas présente. « Très bien Monsieur Callum. Vous êtes le seul à vous êtres présentés pour ça, j'vois pas de raison de faire attendre l'équipe dont vous assurerez la défense. Prenez c'papier, le nom de celui d'vant qui vous devez vous présenter est noté dessus. » Un rapide coup d'œil sur le papier, et ma première impression fût qu'il fallait être bien demeuré pour appeler quelqu'un par ce nom. « Quel genre d'homme est-on pour porter un truc dans ce genre ? » Il ne sonnait ni Irlandais ni Espagbols, ni Anglais ni Mexicain. Même les nègres n'auraient pas voulu de ça. « Oh mais monsieur Callum, je n'ai jamais dit que c'était un homme, enfin, pas exactement. » dit-il avec un sourire. Je ne cherchais pas plus loin, je détestais ce genre de devinette. « Il est dans le champ, juste à dix mètres d'ici. ».


Et effectivement, je compris simplement en mettant le nez dehors et regardant dans la direction indiquée. Un petit homme, pas tout à fait un nain, mais tout comme, il se tenait sur un tabouret, l'oeil collé à un appareil qui mesurait les distances dont le nom m'échappait. Pas tout à fait un homme, tout s'expliquait. Il me suffisait de hurler son nom pour en être sûr
désormais...

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